Nous avons pris connaissance hier de la communication nationale diffusée par l’Union nationale des commissaires de justice, qui partage avec nous la représentativité syndicale, en convention collective, aux côtés de notre ordre professionnel. Elle appelle de notre part une série d’observations que nous tenions à partager avec tous nos adhérents, et plus largement, avec la communauté professionnelle.
 
Notre profession vit, comme l’ensemble des acteurs de l’économie mondiale, une épreuve sans précédent.  
 
Nous connaissons la gravité de la situation qui frappe particulièrement les plus fragiles d’entre nous, qui subissent aujourd’hui, encore davantage qu’hier, la brutalité de la crise, et les conséquences économiques que nous pouvons tous légitimement craindre. Cette crise, nous la vivons tous. Elle a d’abord frappé la santé physique de plusieurs de nos consoeurs et confrères, et de nos collaborateurs, avant de menacer nos équilibres économiques. 
 
Elle menace les valeurs sur lesquelles se fonde notre engagement syndical : la protection du maillage et de la proximité territoriale, qui ne doit pas être sacrifiée dans les mois qui viennent ; la défense de toutes les études, avec une attention particulière pour les plus fragiles, celles qui en ce moment craignent pour leur avenir proche ; la défense de nos institutions et de notre statut. 
 
C’est au nom de ces valeurs que nous ne pouvons pas accepter que soit diffusée une vision partielle des événements que nous venons de vivre et de la période difficile qui s’ouvre devant nous. 
 
Contrairement à ce que nous lisons, il est inexact de considérer que nos actions collectives ont été jusqu’à présent tardives ou insuffisantes.  
 
Il nous semble au contraire, que tant la Chambre nationale que les syndicats professionnels, chacun dans sa sphère de compétence, ont su prendre la mesure de la gravité exceptionnelle de la situation.   
 
À Commissaires de justice de France, en tant que syndicat adhérent à la Chambre nationale des professions libérales, nous nous sommes battus, en lien avec l’ordre national, depuis le début de la crise, sur des sujets syndicaux comme l’admission de notre profession au chômage partiel, les aides, les possibilités d’aménagement des conditions de travail de nos collaborateurs, notre sécurité sanitaire et celle de nos employés. 
 
Nous avons tenté, ensemble, aux côtés de la Chambre, d’aménager les règles sur les congés payés, comme la loi nous y autorisait. Ensemble, nous avons dû quitter la table des négociations, puisqu’il n’était pas possible d’aboutir à une solution négociée avec les syndicats salariés. Nous luttons encore aujourd’hui, pour atténuer l’impact de la possible réduction du chômage partiel et surtout, pour accélérer une reprise de l’activité à laquelle aspirons tous. Et nous savons bien que l’Union, au travers de l’U2P porte également toutes ces batailles.  
 
Mais il ne faut pas tout confondre et l’inventaire à la Prévert des revendications dressé à l’encontre de la Chambre que l’UNHJ nous donne à lire correspond plus à un besoin de communication démagogique qu’à l’espérance d’une véritable efficacité.
 
Il y a le domaine d’intervention ordinal et il y a le domaine syndical. 
 
Chacun doit rester à sa place et dans son rôle afin que l’ensemble des organisations puisse agir avec le maximum d’efficacité au service de notre profession. Autrement, nous serons moins efficaces et nous contribuerons à l’affaiblissement de notre profession. 
 
Ainsi, comme syndicat employeur représentatif, et parce que nous comprenons parfaitement les angoisses exprimées par nos confrères, nous nous permettons d’affirmer aujourd’hui que l’heure ne doit plus être à la polémique ou aux intérêts partisans.  Il nous semble que ce n’est pas en appelant à détruire ce qui fait de nous une profession réglementée (nos institutions professionnelles, la pérennité de notre régime de retraite) et le développement de leurs outils que nous trouverons le chemin de la sortie de crise.  
 
L’heure n’est plus à la polémique, elle doit faire place au contraire au dialogue. L’heure n’est pas à la confusion entre les domaines d’intervention de nos organisations, mais à une action concertée, chacun dans son champ institutionnel de compétences. L’heure est donc au dialogue de nos syndicats afin de tenter d’élaborer, ensemble, des propositions communes que nous pourrons présenter à notre ordre professionnel.

Nous espérons que notre appel au dialogue et à l’apaisement sera compris et entendu et qu’il rassemblera nos énergies, dans l’union  de nos réflexions plutôt que dans leur dispersion. Il est impératif que nous mesurions avec humilité et discernement le défi que la crise du Covid-19 nous a lancé afin de se relever plus  forts de cette épreuve qui doit être un révélateur de notre capacité à nous adapter et à impulser une nouvelle dynamique à nos activités.